dc.description.abstract | Lors d’une conférence prononcée à Montréal (FTA, 2014), les artistes Rabih Mroué et Lina Saneh ont témoigné du
désenchantement lié à l’impossibilité de se projeter dans le futur au cours de la guerre civile libanaise (19751990). À
l’anesthésie temporelle générée par cette expérience traumatique s’est ajouté, à la sortie du conflit, un discours
politique prônant l’« amnésie collective » (Haugbølle, 2010; Chabrol, 2010). Aux prises avec une contemporanéité
précaire, les artistes libanais ont cherché à renouer avec les enjeux liés à la question du temps, de la mémoire et de
l’oubli (Chabrol, 2010; Rogers, 2007). En regard de ce discours artistique prééminent, en quoi le son ouvretil de
nouveaux possibles porteurs d’espoir? Comment induitil des bonds de l’imagination qui permettent d’envisager des
horizons de futurité renouvelés? S’il revient largement à l’image de fonder notre perception des conflits, l’expérience
sonore s’avère déterminante pour appréhender leur teneur affective en raison de son potentiel immersif. Le son agit
sur le plan infraindividuel. Plusieurs études (Biddle et Thompson, 2013; Goodman, 2010) ont mobilisé les ressources
de la théorie des affects (Clough, 2008; Massumi, 1995) pour traiter de l’immédiateté sensible induite par
l’expérience sonore et des possibles qu’elle anime. C’est dans cette perspective que je propose d’analyser la pièce
sonore Starry Night (2006) de l’artiste Mazen Kerbaj. Il s’agira de dégager les modalités par lesquelles le son et la
thématique de la guerre se rencontrent pour résister au sentiment de dépossession et à l’anesthésie du temps liés à
l’état de guerre, et invoquer l’inattendu, le futur. | |